Dans un univers débordant d’opportunités et de connections jamais égalées jusqu’à ce jour, ne devrions-nous pas être en présence de la génération d’enfants et de jeunes la plus motivée jamais connue dans l’histoire ? Or, le nombre d’élèves et d’étudiants qui manquent de motivation ne cesse d’augmenter, c’est un fait !
Texte de Tim Elmore*. Article paru sur growingleaders.com.
Je viens de rencontrer un jeune universitaire de première année. Comme la plupart de ceux que je connais, il possède un grand potentiel mais il n’a pas de vision ni d’ambition précise pour son avenir professionnel. Le problème ne réside pas tant dans le fait d’avoir une perspective d’avenir ou non, mais plutôt d’en avoir au moins vingt, et c’est bien ce qui l’empêche de faire des choix clairs et d’entreprendre des étapes précises vers sa profession future.
D’autres jeunes avec un profil semblable manquent de motivation pour d’autres raisons. Les résultats d’une étude menée par la Carnegie Mellon University révèlent les raisons de ce déficit de motivation accusé par un nombre impressionnant d’étudiants. Voici une liste des plus fréquentes :
Les élèves n’accordent que peu de valeur au cours ou à son contenu.
Ils doutent que leurs efforts augmenteront leurs capacités.
Ils sont démotivés par la forme et l’attribution des récompenses.
Les élèves ne trouvent pas un grand soutien dans l'atmosphère de leur salle de classe.
Ils ont d’autres priorités qui réclament aussi leur temps et leur attention.
Certains élèves souffrent de problèmes physiques, mentaux ou personnels qui affectent leur motivation.
Le nombre d’élèves et d’étudiants manquant de motivation ne cesse d’augmenter, malheureusement ! Dans un univers débordant d’opportunités et de connections jamais égalées jusqu’à ce jour, ne devrions-nous pas être en présence de la génération d'enfants et de jeunes la plus motivée que l’on n'ait jamais connue dans l’histoire humaine ?
Nous les avons poussés à réussir dans tous les domaines : à l’école, dans les sports et dans toutes les activités extra scolaires. Cependant, bien des élèves nous paraissent “démotivés” !
Plusieurs rapports du département “Center of Educations Policy (CEP)” de l'université George Washington montrent que les acteurs de l’enseignement visent avant tout les résultats scolaires – cherchant à augmenter le taux de réussite aux tests – plutôt qu'à stimuler leurs motivations. Ce qui malheureusement amène les écoles à ne cibler que les résultats des tests et à tout faire pour hausser le taux de réussite, au risque parfois de tricher. (Des affichages de résultats tronqués à la hausse ont eu lieu maintes fois au cours des années passées dans des écoles maternelles, primaires et collèges).
Regardons les choses en face : nous sommes pragmatiques. Nos stratégies pour améliorer les résultats scolaires de nos étudiants ne traitent pas les vrais problèmes de leur démotivation. Comme le remarque M. Forbes dans un rapport du Conseil National de la Recherche sur la motivation de 2003, « plus de 40% des lycéens font preuve d’une démotivation chronique. »
Où est la solution ? Je pense qu’il faudrait plutôt cibler la motivation des élèves que leurs résultats scolaires. S’ils sont motivés, ils réussiront tout naturellement. Un élève intéressé et passionné de ce qu’il ou elle est en train d’apprendre est stimulé de l’intérieur vers l’extérieur, et non l’inverse. Par ailleurs, je ne pense pas que les enseignants puissent rivaliser avec Instagram, YouTube ou Snapchat pour captiver l’intérêt de leurs élèves. Et nous n’avons pas de budget qui puisse rivaliser avec ces sources de loisirs. Il nous faut creuser plus profond afin de découvrir ce qui incite particulièrement les jeunes à prendre des initiatives.
Sur mon blog, le 16/01/2016, j'ai écrit que nous devrions changer les questions que nous posons d’habitude aux élèves quant à leur avenir (en anglais, traduction à venir). Lorsque nous essayons de les aider à savoir ce qu’ils veulent faire de leur vie, je crois qu’inconsciemment nous leur posons des questions qui les centrent sur eux-mêmes. Arrêtons-nous et réfléchissons aux élèves que nous connaissons pour ETRE motivés. Je crois que les niveaux de motivation énoncés ci-après correspondent à la réalité de ces élèves.
Le meilleur apprentissage ne se fait pas en restant assis dans une salle de classe. La motivation des élèves est suscitée et stimulée lorsque nous les amenons à se lever et à faire quelque chose avec leurs mains et leur savoir. Ils doivent appliquer leurs connaissances. Nous n’apprenons vraiment que lorsque nous faisons les choses.
Ensuite, les élèves s’impliquent davantage lorsqu’ils font des choses en rapport avec leurs intérêts. La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons stimuler leur curiosité dans notre façon d’enseigner. Steve Jobs dit avec raison : « La seule manière de faire du bon travail est d’aimer ce qu’on fait. » Il faut donc que cette curiosité soit sans cesse éveillée et alimentée.
Le troisième niveau de motivation consiste à permettre à vos élèves d’utiliser leurs talents particuliers. Don Clifton écrit : « Ceux qui réussissent le mieux dans cette mise en pratique ne sont pas les étudiants qui ont des résultats équilibrés dans tous les domaines mais ceux qui montrent une grande vivacité dans leur domaine."
Parce que nous sommes des êtres sociaux, l’apprentissage est favorisé par l’intégration sociale. Grandir dans une communauté est très gratifiant. En bref, nous tendons à aimer ceux qui nous aiment et qui nous ressemblent. Nous apprenons mieux lorsque nous sommes formés et entraînés par des amis.
La résolution de problème est un autre moteur d’implication et de motivation des élèves. Dans le fond, nous sommes tous nés pour résoudre des problèmes. C’est ce que font les bons leaders. C’est ce qui motive le plus les gens. Et c’est encore mieux si le problème est réel et non hypothétique.
L'engagement le plus profond se manifeste quand le problème à résoudre est important. Cela fait des années que je crois et que je sais que les jeunes veulent faire quelque chose de vraiment important, voire d’impossible. Plus le défi est grand, plus l’implication est importante. Plus les enjeux sont élevés, plus les gens sont engagés.
Bien que nos élèves et nos étudiants soient encore en train de mûrir, le fait d’intégrer certains ou tous ces éléments dans notre enseignement les dynamisera naturellement de l’intérieur plutôt que de les reprendre sans arrêt de l’extérieur.
« Si nous nous en servons bien, assure l'auteur Donald Clifton, nous en verrons la manifestation concrète chez nos élèves : ils vont anticiper et demanderont : Quand pourrons-nous refaire cela ? »
Tim elmore est le fondateur de Growing Leaders, une organisation à but non lucratif basée à Atlanta qui encourage et permet aux jeunes adultes de saisir des occasions et des défis concrets dans la salle de classe, dans leur carrière et dans la communauté.