Les risques psycho-sociaux au travail causent des troubles de plus en plus fréquents, qui peuvent tous nous toucher. Nous vous proposons un résumé de notre séminaire sur ce sujet important : les connaître, savoir les éviter ou les réduire, prendre conscience de ses limites.
Condensé de notre 14e séminaire ACSI pour Directeurs et Administrateurs d’écoles chrétiennes en Europe Francophone, octobre 2017.
Orateur : Samuel LAURENT, psychologue du travail et théologien, partenaire de Famille Je t’Aime (FJA).
La Bible est claire : le travail est un mandat divin depuis la création de l’homme. Il possède une caractéristique sociale intrinsèque, car l’activité des hommes nécessite depuis toujours qu’ils mettent leurs forces et leurs compétences en commun pour obéir à l’ordre de Dieu : assujettir la Création. Mais il peut rapidement devenir une source de souffrance dans le contexte de la chute, qui a endommagé les relations humaines et amené la malédiction de Dieu sur le sol.
Dans la culture occidentale, notre identité est souvent fortement liée à notre rapport au travail. Plus notre activité nous passionne, plus elle façonne cette identité, ce qui peut rendre floues les différentes frontières de notre vie. Il est donc important, voire vital, de bien connaître nos limites et de les respecter au mieux.
Cette composante essentielle de la part du travail dans notre identité nous ramène par ailleurs à une question tout aussi importante pour un chrétien : où se situe la frontière entre la recherche de la Gloire de Dieu dans mon travail, et la recherche de ma propre gloire ? Ce qui donne du sens à mon activité humaine est que Dieu soit glorifié en toutes choses, et ceci est une lutte perpétuelle entre la chair et l’Esprit. Passons du temps à nous sonder, demandons à Dieu de nous sonder Lui-même et à d’autres de nous reprendre si nécessaire (notre conjoint par exemple), et marchons par l’Esprit dans ce domaine aussi.
Les risques psycho-sociaux au travail relèvent de six catégories de facteurs :
Une étude a montré que pour chacun des exemples ci-dessous, entre plus d’un quart et la moitié des personnes sondées estiment en avoir déjà souffert au travail :
Des sentiments souvent relevés face à la direction d’entreprise, et facteurs de risques psycho-sociaux, sont une image d’incompréhension de la part de la direction, un sentiment d’autoritarisme et de n’être qu’un pion utilisé. Manque de reconnaissance, manque de communication, doutes sur ses compétences, ses qualités, dépréciation de soi-même, …
Face à des situations de souffrance, à partir d’un certain niveau, des stratégies d’adaptation sont normalement mises en place. Si cela s’avère difficile, insuffisant ou impossible, ces situations deviennent des risques et provoquent des mécanismes psycho-sociaux, puis des troubles qui peuvent prendre un caractère sévère selon les cas et les personnes.
► La stratégie est pensée et mûrement réfléchie, et permet d’éviter ou de supporter sans beaucoup de stress la situation en question.
► Le mécanisme psycho-social est une réaction personnalisée par manque de réponse et de solution stratégique, pour essayer de solutionner le problème par soi-même d’une manière ou d’une autre, alors que cela ne relève pas de son rôle ou de sa responsabilité. C’est ici que commence le risque de rupture entre vie professionnelle et vie privée.
Les troubles manifestés sont les suivants :
Il faut une culture d’entreprise volontariste, cherchant à communiquer avec les équipes professionnelles et à élaborer des stratégies, et amener les choses avec pédagogie et soin. Il peut être utile de créer un collectif de réflexion sur les pratiques, pour faire émerger une pensée plurielle, évoquer les difficultés au travail, proposer des pistes concrètes de remédiation.
Chacun a besoin de répondre à ces questions :
Il est important de vérifier qu’une personne n’est pas déjà dans des mécanismes de réaction, voire dans une situation où elle ne peut plus du tout gérer les facteurs de risques. Il ne s’agit pas d’éliminer systématiquement ces facteurs, mais de voir s’il y a des stratégies de gestion possibles.
Notons l’importance de faire d’autres activités, comme du sport par exemple.
Une méthode d’analyse intéressante pour chacun est la suivante :
Comparer les tranches horaires entre elles et avec la durée des imprévus.
La dernière intervention du séminaire s‘est faite sur les promesses et les recommandations de la Parole de Dieu dans 1 Pierre 5. 6-11 :
« Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu’il vous élève au temps convenable ; et déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous. Soyez sobre, votre ennemi rode…. Résistez-lui..., sachant que vos frères dans le monde subissent les mêmes souffrances… ».
Dans notre contexte chrétien, nous n’échappons pas à notre nature humaine et à l’orgueil de toujours vouloir accumuler de la connaissance ou d’être perpétuellement en quête de reconnaissance. Oui, nous avons un ennemi spirituel, qui n’est pas tout-puissant, non, tout n’est pas psychologie, il y a les réalités d‘un combat spirituel.
Il nous faut veiller sur nous-mêmes, et soigner notre relation avec Dieu en puisant quotidiennement dans Sa Parole, en connaissant les limites et frontières individuelles et en les respectant. Ne cherchons pas à nous écarter des souffrances auxquelles nous, chrétiens, n’échapperons pas, puisque c’était le lot du Maître et celui de tous ceux qui veulent Le suivre fidèlement. Et si l’appel au ministère est un appel à souffrir, Dieu nous enseigne toujours quelque chose (Job), et c’est à Lui qu’appartiendra l’appréciation de nos services et ministères sur la terre.
En attendant, veillons sur nous-mêmes et sur tous ceux qui font route avec nous, et restons dans les limites de nos potentialités et champs d’actions.